Chevaux

Réserve de parc national de l'Île-de-Sable

L'île de Sable est reconnue pour sa population de chevaux sauvages. Leur corps trapu est recouvert d’un manteau épais, laineux et ébouriffé, de couleur brun foncé pour la plupart. La population de chevaux est issue d’animaux introduits sur l’île dans les années 1700.

La population de chevaux est considérée comme un élément emblématique de l’île de Sable. La population actuelle, à laquelle on attribue une valeur patrimoniale naturelle et culturelle, compte environ 470 chevaux.

Sur cette page

Deux chevaux tirant une famille dans un chariot en bois.
Cheval et chariot, 1930-1940, île de Sable.
Photo : Clara Dennis, Archives de la Nouvelle-Écosse 1982-541 numéro 122.

Origine

La population de chevaux sauvages de l'île de Sable existe depuis plus de 250 ans. On pense que les chevaux de l'île de Sable sont les descendants d'animaux introduits sur l'île dans les années 1700.

La théorie la plus populaire est que Andrew LeMercier, un pasteur de Boston, a introduit les chevaux sur l'île pour la première fois en 1737 et 1738. Il pensait qu'une colonie sur l'île de Sable profiterait aux naufragés. Plus tard, LeMercier a essayé de vendre l'île et les animaux, y compris ses 20 à 30 chevaux.

Quelque temps après 1755, l'armateur bostonien Thomas Hancock expédie des chevaux à l'île de Sable. Les chevaux proviennent des Acadiens déportés de la Nouvelle-Écosse qu'il a transporté vers les colonies de Nouvelle-Angleterre, pendant la période du Grand Dérangement.

Il dépose également des vaches, des moutons, des chèvres et des porcs sur l’île. La nourriture était abondante, il n'y avait pas de prédateurs, peu de maladies ou de parasites et on n’avait pas besoin d'enclos pour les animaux. L'idée était que les animaux seraient autosuffisants, qu'ils se reproduiraient et que, périodiquement, ils pourraient être abattus et vendus à profit.

Seuls les chevaux ont survécu à long terme.

 Un groupe de chevaux noirs se rassemble autour d’un point d’eau dans le sable.
Les chevaux boivent à tour de rôle dans un point d’eau dans le sable, sur l’île de Sable.
Photo : Sarah Medill

Comportement

Comme d’autres populations de chevaux sauvages, les chevaux de l'île de Sable ont une structure sociale composée de petits groupes familiaux. En général, les groupes comprennent un étalon dominant, une ou plusieurs juments et leur jeune progéniture.

Les mâles dominants se reproduisent généralement avec toutes les femelles du groupe en âge de procréer. Des mâles subordonnés peuvent également être présents dans un groupe, s’accouplant occasionnellement avec les femelles.

Les jeunes mâles quittent souvent la bande familiale à l'âge de 1 à 4 ans et rejoignent un groupe de célibataires composée de mâles subordonnés. Ces mâles peuvent créer un nouveau groupe familial en "volant" des juments ou en renversant un étalon dominant.

Il existe également des mâles solitaires sur l'île de Sable, qui sont le plus souvent des étalons vaincus.

Domaines vitaux

Les chevaux de l'île de Sable ne sont pas très territoriaux, mais ils ont des domaines vitaux. Plusieurs des domaines vitaux des groupes de chevaux se chevauchent, surtout lorsqu'ils se trouvent à proximité des points d’eau ou des sources de nourriture. Les domaines vitaux sont des centres d'activité et des habitats importants pour les chevaux de l'île de Sable.

Diète

Un cheval brun broutant de l'herbe.
Les chevaux se nourrissent principalement d’ammophile, une herbe qui pousse en abondance sur l’île.
Photo: Acorn Art & Photography

Les chevaux se nourrissent principalement d’ammophile, une herbe qui pousse en abondance sur l’île. Pour les chevaux qui s’alimentent sur les pointes de l’est et de l’ouest, la sabline et les algues sont des éléments importants de leur régime alimentaire. Ils se nourrissent également de pâturin des prés et de fétuque rouge, que l’on retrouve en abondance dans la région intérieure de l'île.

Dans la région ouest de l'île de Sable, les chevaux ont accès à des étangs d'eau douce. Dans la portion est de l'île, il n'y a pas d'étangs, et les chevaux creusent de petits trous d'eau dans le sable pour accéder à la nappe phréatique.

Les étangs et les puits sont des extensions de surface de la lentille d'eau douce de l'île de Sable. Une lentille d'eau douce est une couche d'eau douce souterraine qui flotte au-dessus de l'eau salée, plus dense.

L’hiver

Un cheval brun ébouriffé avec de la neige sur le dos et de la neige sur l'herbe brune.
Pendant les mois d'hiver, les chevaux de l'île de Sable se déplacent vers le centre de l'île.
Photo: Sarah Medill

Pendant les mois d'hiver, les chevaux de l'île de Sable se déplacent vers le centre de l'île. Par mauvais temps, ils se réfugient généralement à l’abri des crêtes de dune pour se protéger du vent. Chaque année, les chevaux se dotent d'un manteau épais qui les protège des intempéries.

Pendant l’hiver, leur régime alimentaire se compose de végétation morte ou sèche. Les chevaux comptent sur les réserves d'énergie qu'ils ont accumulées en se nourrissant tout au long de l'été et de l'automne.

Chevaux et phoques

En général, les chevaux et les phoques s'ignorent, car ils ne mangent pas la même nourriture et n'occupent pas les mêmes espaces. Cependant, il existe un lien intéressant entre ces deux espèces de mammifères, qui pourrait expliquer en partie l'augmentation de la population des chevaux de l'île de Sable.

Les phoques gris de l'île de Sable se nourrissent de nombreuses espèces présentes dans l'océan, pour ensuite se reposer au sec sur les longues plages de l’île. Ils déposent de grandes quantités de nutriments marins sur l’île, par le biais de leur urine et de leurs excréments. Ces nutriments marins sont absorbés par les plantes, entraînant une augmentation de la croissance et de la richesse des plantes. Les chevaux se régalent de ces plantes.

Des centaines de milliers de phoques se rassemblent sur l'île de Sable pendant la saison de reproduction.

Fluctuations de la population

Les données recueillies depuis 1961 démontrent que la population des chevaux de l’île de Sable a augmenté au fil du temps. Au courant des dernières années, la taille actuelle de la population a varié entre 450 et 590 individus.

Population des chevaux de l’île de Sable, 1961 à 2023

Graphique montrant l’abondance des chevaux au fil du temps.

 

Version texte

Crédit : Université de Saskatchewan

L’estimé de la population de 2023 est préliminaire. Le décompte final sera disponible en début d'année 2024.

More details
Année Taille de la population Source
1961 180 Welsh (1975)
1962 213 Welsh (1975)
1963 183 Welsh (1975)
1964 226 Welsh (1975)
1965 218 Welsh (1975)
1966 157 Welsh (1975)
1967 181 Welsh (1975)
1968 209 Welsh (1975)
1969 232 Welsh (1975)
1970 267 Welsh (1975)
1971 306 Welsh (1975)
1972 211 Welsh (1975)
1973 210 Welsh (1975)
1977 280 Locke (1987)
1978 330 Locke (1987)
1979 359 Locke (1987)
1980 160 Locke (1987)
1981 190 Locke (1987)
1982 200 Locke (1987)
1983 245 Locke (1987)
1984 306 Locke (1987)
1985 310 Locke (1987)
1997 328 Photo aérienne du MPO - comptage partiel seulement
2004 138 Photo aérienne du MPO
2008 398 P. McLoughlin, données non publiées
2009 459 P. McLoughlin, données non publiées
2010 507 P. McLoughlin, données non publiées
2011 460 P. McLoughlin, données non publiées
2012 537 P. McLoughlin, données non publiées
2013 559 P. McLoughlin, données non publiées
2014 552 P. McLoughlin, données non publiées
2015 458 P. McLoughlin, données non publiées
2016 513 P. McLoughlin, données non publiées
2017 509 P. McLoughlin, données non publiées
2018 559 P. McLoughlin, données non publiées
2019 583 P. McLoughlin, données non publiées
2020 499 P. McLoughlin, données non publiées
2021 569 P. McLoughlin, données non publiées
2022 591 P. McLoughlin, données non publiées
2023 450 P. McLoughlin et Zoe Lucas, données non publiées

Ce graphique montre les variations de population des chevaux sur l'île de Sable entre 1961 et 2023. La population a augmenté pendant cette période. Cependant, certaines périodes ont vu une diminution de population, suivies d’années d'augmentation constante.

Sommaire

  • Entre 1753 et 1952, on estimait la taille de la population entre 20 à 400 chevaux.
  • Entre 1961 et 1985, ces estimés variaient de 133 à 360 chevaux.
  • À la fin des années 1990, la population de chevaux était régulièrement supérieure à 400 individus.
  • Entre 2008 et 2012, la population a connu une augmentation de 42 % (de 375 à 534 individus).

Les estimations de la population de chevaux varient en précision mais démontrent les changements interannuels de la taille de la population. Les données proviennent principalement d'un recensement annuel de tous les chevaux et, dans certains cas, un décompte par photos aériennes.

Population actuelle

Un programme de recherche de l'Université de Saskatchewan étudie la population chaque année afin de fournir un décompte officiel. D'après les observations faites au cours de l'enquête de 2023, et comme le signale le Sable Island Institute, nous nous attendons à une mortalité hivernale de plus de 25 % cette année, qui sera toutefois compensée par la naissance de nouveaux poulains. Le décompte officiel pour 2023 sera disponible à l'hiver 2024. 

Dans la nature, les groupes d'animaux connaissent généralement des cycles de forte et de faible abondance, car ils sont en équilibre dynamique (un état d'équilibre changeant) avec les sources de nourriture, les prédateurs et les parasites. Il n'est donc pas inhabituel de voir la population augmenter et diminuer de cette façon.

Parcs Canada continuera de travailler en étroite collaboration avec les chercheurs et les partenaires pour surveiller la santé de la population de chevaux sauvages de la Réserve de parc national de l'Île-de-Sable dans le cadre d'un effort continu visant à maintenir l'intégrité écologique de l'île.

Naissances

La plupart des poulains naissent entre avril et juillet, mais la mise-bas peut également avoir lieu à d'autres moments de l'année. Les juments peuvent concevoir à partir de l'âge d'un an, mais les juments de l'île de Sable ont un faible taux de poulinage à cet âge. Les taux sont plus élevés pour les juments âgées de 3 ans et plus, mais c'est entre 6 et 15 ans qu'ils sont les plus élevés. La période de gestation des chevaux sauvages est généralement de 11 à 12 mois.

Mortalités

La plupart des décès surviennent à la fin de l'hiver et au printemps, en raison d’un manque de nourriture et du temps humide, venteux et froid. Cela peut créer des conditions défavorables pour les chevaux, ce qui n'est pas inhabituel pour de nombreuses espèces sauvages.

Le taux de mortalité est plus élevé chez les poulains et les jeunes âgés de 0 à 2 ans.

Ces dernières années, la population a connu un taux de mortalité hivernale moyen de 12 %.

 Quatre chevaux de couleur marron traversent le sable.
Les chevaux tracent des sentiers à travers le sable et les dunes de l'île de Sable.
Photo : Sarah Medill 

Structure génétique

La structure génétique des chevaux de l'île de Sable reflète les forces de la sélection naturelle et de la dérive génétique qui ont influencé la population depuis plus de 250 ans. Les chevaux se sont remarquablement bien adaptés à leur environnement.

Avant 1961, des tentatives ont été faites pour "améliorer" ou gérer la population en vue d'obtenir les traits ou caractéristiques souhaités. Des étalons et des poulinières de races spécifiques ont été introduits pour "améliorer" le potentiel de vente des chevaux sur le continent. Parmi les races introduites sur l'île de Sable figurent: Canadian, Morgan, Standardbred, Clydesdale et Thoroughbred.

Depuis 1961, aucune intervention humaine n'a été autorisée et les chevaux n'ont pas été soumis à des activités de reproduction ou à une sélection artificielle.

Aucune race n'est clairement apparentée aux chevaux de l'île de Sable. La population de chevaux de l'île de Sable est la plus proche génétiquement des races de Terre-Neuve, Islande ainsi que celles des Fjords norvégiens. La population de chevaux sauvages de l'île de Sable est génétiquement distincte de ces races parce qu'elle présente des traits génétiques (allèles) très diversifiés, plus que les autres races de chevaux.  Les études génétiques au sujet des chevaux de l'île de Sable suggèrent que leur diversité génétique a augmenté de manière disproportionnée par rapport aux chevaux domestiques.

La consanguinité

La consanguinité (reproduction avec des membres de la même famille) peut se produire dans de petites populations isolées.

On parle de dépression de consanguinité lorsque le manque de diversité génétique a un impact négatif sur la capacité d'une population à s’épanouir. Des recherches récentes ont détecté des niveaux modestes de dépression de consanguinité dans la population de chevaux de l'île de Sable, mais l'impact de ce phénomène dépend de nombreux facteurs - l'année, la saison, l'âge et le sexe d'un individu, ainsi que les conditions de l'environnement - la météo, la disponibilité de la nourriture et l'abondance des parasites.

Les chercheurs continuent d’évaluer la diversité génétique et la santé de la population de chevaux de l'île de Sable.

 Des visiteurs suivent un sentier dans l'herbe avec des chevaux au loin.
Parcs Canada exige que les gens maintiennent une distance d'au moins 20 m des chevaux, île de Sable.
Photo : Acorn Art & Photography

Protection

En 1961, les chevaux de l’île de Sable ont obtenu une protection officielle en vertu du Règlement sur l’île de Sable de la Loi sur la marine marchande du Canada et, depuis, ont persisté sans interférence humaine.

L’île de Sable est devenue une Réserve de parc national en 2013. C’est en ce moment que Parcs Canada a commencé à assumer la responsabilité de la gestion de l’île. Durant les consultations menées à l’époque de la création du parc, Parcs Canada a reçu un message clair que le public souhaitait que le gouvernement fédéral accorde une protection uniforme et élevée aux chevaux.

Puisque les chevaux sont présents sur l’île depuis plus de 50 ans, ils sont considérés comme une espèce naturalisée faisant partie intégrante de l’écosystème de l’île. Les chevaux étant considérés comme une espèce naturalisée, ils sont maintenant protégés en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada et du Règlement sur la faune des parcs nationaux.

Parcs Canada ne contrôle pas et ne gère pas activement la population de chevaux. Comme il n’y a pas de risque immédiat pour les chevaux, Parcs Canada ne prévoit pas intervenir, les permettant ainsi de poursuivre leurs comportements naturels sans être dérangés. Si de nouvelles données laissent croire que les chevaux sont en péril, Parcs Canada évaluera les options à sa disposition pour assurer leur protection.

Interaction avec les humains

Les chevaux ne vivent pas et ne se reproduisent pas comme des animaux domestiques. Ils ne dépendent pas des humains pour leur survie et ne reçoivent pas de soins vétérinaires. Il est interdit de les toucher, de les nourrir ou d'interagir avec eux de quelque façon que ce soit.

Comme c’est le cas pour les autres espèces sauvages des parcs nationaux, les chevaux de l’île de Sable sont protégés de la chasse et de toute activité pouvant leur nuire.

Parcs Canada exige que quiconque se trouve sur l’île de Sable maintienne une distance de 20 m des chevaux.

Des mesures de biosécurité sont en place pour protéger l'île de Sable et réduire le risque d'introduction de toute matière organique, y compris les plantes, les graines, le sol et les maladies. Cela signifie que toutes les chaussures utilisées sur l'île sont nettoyées et désinfectées avant l'arrivée, qu'aucun équipement d'équitation ou de soin des chevaux ni aucune chaussure ayant été portée dans une ferme équestre n'est autorisé sur l'île. De plus, les vêtements font l'objet d'une inspection visuelle afin de déceler la présence de graines ou d'insectes (tels que bardanes, araignées, tiques, etc.).

Un bruant d'Ipswich est assis sur une clôture qui délimite une zone.
Des clôtures temporaires créeront des exclos pour empêcher les chevaux de traverser ou de paître dans neuf petites zones de l'île. 

Recherche

Parcs Canada collabore avec des experts pour étudier et surveiller le rôle écologique des chevaux, des autres animaux et des plantes de l'île de Sable. Les données recueillies permettent d'établir des priorités et d'orienter les efforts de conservation.

Parcs Canada continuera de travailler en étroite collaboration avec des chercheurs et des partenaires pour surveiller la santé de la population de chevaux sauvages ainsi que d'autres aspects de l'écologie de la Réserve de parc national de l'Île de Sable. Cette démarche s'inscrit dans le cadre des efforts continus déployés pour maintenir l'intégrité écologique de l'île.

Barrières dans le sable

Une nouvelle étude menée par Parcs Canada et le Sable Island Institute nous aidera à mieux comprendre le rôle des chevaux dans les écosystèmes de la Réserve de parc national de l'Île de Sable.

Plus d'informations sur le projet Barrières dans le sable

Lectures recommandées

Colpitts, J., McLoughlin, P.D. & Poissant, J. Inbreeding depression in Sable Island feral horses is mediated by intrinsic and extrinsic variables. Conserv Genet (2023).

Freedman B. (2016). Sable Island: explorations in ecology and biodiversity. Fitzhenry and Whiteside Limited, Markham, Ontario. 360p.

Medill, S. A. (2018). Sociality of Sable Island horses: Population, group and individual interactions. Ph. D. Thesis, University of Saskatchewan, Canada.

Welsh, D.A. (1975). Population, behavioral and grazing ecology of the horses of Sable Island, Nova Scotia. Ph. D Thesis, Dalhousie University, Canada.

Archives de la Nouvelle-Écosse

Date de modification :