La forêt, source de vie

Pimachiowin Aki est le premier lieu canadien « mixte » à être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et reconnu pour sa valeur culturelle et naturelle.


Prendre soin d’une grande forêt est l’œuvre de nombreuses générations, passées, présentes et futures.

Les Anishinaabeg ou les Ojibwés sont les gardiens de Pimachiowin Aki, le dernier site à être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pendant des millénaires, ils ont respecté la tradition ancestrale du Ji-ganawendamang Gidakiiminaan (Garder la terre). Aujourd’hui, leur expertise est l’aboutissement de connaissances et de pratiques transmises depuis plus de 6 000 ans.

D’une superficie de 29 040 kilomètres carrés, Pimachiowin Aki (Pim-Match-cho-win-ahh-Key) est une vaste forêt boréale qui chevauche les frontières du Manitoba et de l’Ontario.

Il s’agit d’une terre verte : épinette noire, pin gris, sapin baumier, peuplier et tapis de mousse. Du bleu se mêle au vert sous forme de rivières intactes et de lacs sauvages. Les vastes étendues de forêt et de terres humides abritent de nombreuses espèces boréales emblématiques, dont l’un des plus grands troupeaux de caribous des bois au sud de la baie d’Hudson.

Dans la langue des Anishinaabeg, Pimachiowin Aki signifie « le pays qui donne la vie ». L’inscription sur la Liste du patrimoine mondial signifie que les intendants des Premières Nations peuvent maintenant partager cette vie avec le monde.

La longue route sinueuse vers l’UNESCO

Il s’agit du premier lieu canadien « mixte » à être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et reconnu internationalement pour sa valeur culturelle et naturelle. Il reflète la vision du monde des gardiens Anishinaabe, pour qui la nature et la culture font partie d’un ensemble vivant, aussi interdépendantes que l’aubier et le bois parfait d’un arbre.

Il existe 38 sites mixtes de ce type dans le monde : du parc national de Chiribiquete, en Colombie, une magnifique région de montagnes de plateaux et de peintures murales vieilles de 20 000 ans, aux Ahwar du sud de l’Irak, un paysage ancien de régions marécageuses et de vestiges de villes mésopotamiennes.

La longue quête pour sauvegarder Pimachiowin Aki a commencé en 2002, lorsque les Premières Nations de la région se sont réunies pour élaborer un plan visant à proposer une parcelle de leurs territoires traditionnels comme site du patrimoine mondial. Les gouvernements du Manitoba et de l’Ontario, reconnaissant également Pimachiowin Aki comme un spécimen exceptionnel de forêt boréale intacte, se sont joints au processus.


Ce pictogramme en forme de bison apparaît sur la paroi d’une falaise au-dessus des eaux du lac Artery. Il est de couleur rougeâtre.
Les attributs culturels répartis dans le paysage comprennent les lieux sacrés, comme les pictogrammes (photo: Hidehiro Otake)

À titre d’organisme responsable des sites du patrimoine mondial au Canada, Parcs Canada s’est impliqué dès le début. « Nous nous sommes adressés en premier lieu à Parcs Canada pour obtenir des conseils », confie Gord Jones, gestionnaire de projet de la société sans but lucratif Pimachiowin Aki Corporation. « Ils ont été avec nous tout au long du processus. »

Toutes les candidatures au patrimoine mondial canadien doivent être préparées en étroite collaboration avec Parcs Canada, qui représente le gouvernement du Canada. Le processus d’élaboration d’une candidature peut prendre de nombreuses années.

Les candidatures de Pimachiowin Aki ont été soumises deux fois au Comité du patrimoine mondial, en 2012 et en 2015, avant d’être inscrites sur la Liste en juillet 2018. Pimachiowin Aki comprend les terres ancestrales de quatre communautés des Premières Nations, de la rivière Bloodvein, la rivière Bloodvein, Little Grand Rapids, Pauingassi, ainsi que le parc provincial Atikaki au Manitoba et le parc provincial Woodland Caribou et la réserve de conservation Eagle-Snowshoe en Ontario.


« Nous avons toujours parlé d’essayer de préserver notre terre, de la garder aussi naturelle qu’elle était... Nous essayons de dire au monde : ‘‘nous ne voulons pas nous précipiter en matière de changement. Nous voulons vivre dans le moment présent du mieux que nous pouvons.’’ Et cela signifie que nous allons essayer de créer cet environnement nature le plus longtemps possible, et de le conserver, dans sa forme la plus pure, pour la prochaine génération. »

Chef Harold Crow,
Première Nation Pauingassi, Manitoba

Comme le dit Gord Jones, Pimachiowin Aki est un grand encouragement pour des campagnes mondiales telles que la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité. Il s’agit également d’une étape importante afin d’atteindre l’objectif du Canada en matière de biodiversité, qui consiste à préserver 17 % de ses terres d’ici 2020.


Vue aérienne de rivières et de forêts depuis un petit avion.
La rivière Bloodvein, longue de 300 km, coule vers l’ouest en traversant Pimachiowin Aki

Pour la Pimachiowin Aki Corporation, qui compte des représentants des quatre Premières Nations et de deux gouvernements provinciaux, l’inscription comme site du patrimoine mondial présente de prometteuses perspectives d’avenir. En partenariat avec les communautés des Premières Nations, la société poursuivra ses initiatives dans les domaines de la langue, de l’art, de l’archéologie, du tourisme durable et de la recherche écologique.

Enfin, les gardiens de la forêt d’aujourd’hui veillent sur un endroit mondialement reconnu et tendent la main aux gardiens de demain.

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